QuestionS réponses SUR l'aliénation parentale





Existe-t'il un syndrome d'aliénation parentale ?


Le terme "Syndrome d'Aliénation Parentale" a été introduit pour la première fois en 1985 par le psychiatre Richard A. Gardner. Il décrivait un trouble par lequel un enfant, dans le contexte d'un divorce conflictuel, était devenu hostile envers un de ses parents, en l'absence de preuves de mauvais traitements ou de négligence de la part de ce dernier.

Il n'y a pas encore de consensus de la communauté médicale, notamment dans le domaine de la psychiatrie ou de la psychologie clinique, pour reconnaître l'aliénation parentale comme un syndrome.  Il n'est à ce jour inclus dans aucun des principaux manuels de diagnostic, tels que le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-5) ou la Classification Internationale des Maladies (CIM-10). Le sujet restant débattu, il convient d'éviter de parler de syndrome d'aliénation parentale, et de faire référence tout simplement aux termes "d'aliénation parentale". 

Cela dit, la plupart des experts conviennent que l'aliénation parentale - à savoir le processus par lequel un parent manipule un enfant pour qu'il rejette l'autre parent - est un phénomène bien réel, observable, et très nuisible pour l'enfant et le parent aliéné et que donc l'aliénation parentale peut être à l'origine d'autres syndromes (dépression, névroses etc.).

 

Quels sont les signes qu'un enfant est aliéné ?


Voici quelques signes ou manifestations pouvant indiquer qu'un processus d'aliénation parentale est à l'oeuvre. Il est important de souligner que la présence d'un ou plusieurs de ces signes ou de ces manifestations n'indiquent pas nécessairement une aliénation parentale. Ils peuvent avoir de nombreuses autres causes et doivent être évalués par un professionnel de la santé mentale.

- Hostilité et manque de respect envers le parent aliéné : L'enfant peut manifester une hostilité persistante et démesurée envers le parent aliéné. L'enfant, par exemple, recherche le conflit avec le parent aliéné, pouvant aller jusqu'aux insultes et agressions (on parle alors d'enfant soldat) ou des fausses accusations. Il est important de préciser que l'hostilité doit être injustifiée, déraisonnable ou excessive envers le parent aliéné et trouver sa source dans le comportement du parent aliénant.

- Rejet du parent aliéné : L'enfant refuse de passer du temps ou d'interagir avec le parent aliéné. L'enfant refuse ainsi tout contact ou communication. Il est important de préciser, là aussi, que le rejet  doit être injustifié et déraisonnable et trouver sa source dans le comportement du parent aliénant.

- Absence de culpabilité : L'enfant ne ressent pas de culpabilité ou de remords pour son comportement envers le parent aliéné.

- Absence d'ambivalence : L'enfant perçoit le parent aliénant comme entièrement bon et le parent aliéné comme entièrement mauvais, généralement sans nuance. Il y a souvent une idéalisation du parent aliénant.

- Répétition des propos du parents aliénant et langage adulte : L'enfant peut répéter des critiques ou des plaintes du parent aliénant à propos du parent aliéné, souvent mot pour mot. L'enfant utilise les mêmes arguments que le parent aliénant pour critiquer le parent aliéné. L'enfant utilise des mots ou des phrases qui semblent trop adultes pour son âge.

- Revendication des droits du parent aliénant : L'enfant peut essayer d'obtenir dans les faits ce que le parent aliénant n'a pas obtenu en justice, tels que des modifications  de la garde ou des temps de visites. Cela peut inclure le refus de visites, la restriction des communications qui n'ont pas été décidées par un tribunal. 

- Attitude de défense : L'enfant peut être constamment sur la défensive, surtout en présence du parent aliéné.

- Aliénation étendue à la famille du parent aliéné : L'enfant rejette non seulement le parent aliéné, mais aussi la famille de ce parent.

- Allégations infondées / fausses accusations : L'enfant peut faire des accusations injustifiées ou exagérées contre le parent aliéné pouvant aller jusqu'au dépôt de plainte (souvent encouragé par le parent aliénant).

- Comportement de l'enfant en lien avec les procédures judiciaires : L'enfant peut présenter des changements de comportement en réponse aux procédures judiciaires, comme devenir plus hostile à l'égard du parent aliéné lorsqu'une audience approche pour discréditer le parent aliéné et permettre au parent aliénant une victoire judiciaire.

- Dépression : L'enfant peut présenter des symptômes de dépression, comme la tristesse, le retrait social ou les troubles du sommeil.

- Problèmes de comportement : L'enfant peut montrer des comportements agressifs, de rébellion ou de retrait social.

- Problèmes scolaires : L'enfant peut avoir des difficultés à l'école, comme des baisses de performance ou des problèmes avec ses camarades.

- Manque d'autonomie : L'enfant peut avoir du mal à exprimer ses propres sentiments et opinions, surtout s'ils diffèrent de ceux du parent aliénant.


Quels sont les signes qu'un parent est aliénant ?


Parmi les signes indiquant qu'on est en présence d'un parent aliénant on retrouve : 

La manipulation et le contrôle : Au cœur du comportement du parent aliénant se trouve la manipulation. Ce parent peut utiliser une variété de stratégies (voir ci-dessous) pour atteindre son but. Cette manipulation peut être subtile, comme des insinuations ou des commentaires négatifs occasionnels, ou elle peut être plus manifeste, comme des accusations fausses ou exagérées. De plus, le parent aliénant essaye de contrôler les interactions entre l'enfant et le parent aliéné, en limitant leur communication, et le temps passé ensemble.

L'absence d'empathie et narcissisme : Le parent aliénant peut souvent manquer d'empathie pour l'enfant et l'autre parent. Les parents aliénants sont plus préoccupés par leurs propres sentiments et ignorent les besoins des autres. Dans certains cas, les parents aliénants peuvent présenter des traits narcissiques, se considérant comme le parent supérieur ou comme la seule figure parentale digne de l'enfant. Ils peuvent ainsi dévaloriser l'importance de l'autre parent dans la vie de l'enfant et trouver ainsi une justification pour marginaliser le parent aliéné.

Un parent procédurier : Un signe supplémentaire d'un parent aliénant peut être une inclination pour l'engagement excessif dans des procédures judiciaires. Ils peuvent souvent chercher à impliquer les tribunaux en utilisant les actions judiciaires comme forme de contrôle ou de punition à l'encontre de l'autre parent. Cela peut prendre la forme de dépôts fréquents de plaintes, de requête pour supprimer ou réduire les droits de l'autre parent.  Il est crucial de noter que l'engagement dans des procédures judiciaires n'est pas en soi un signe d'aliénation parentale ; c'est le recours excessif ou des actions infondées, ou des demandes déraisonnables qui peuvent être un indicateur.

Un parent qui nie sa propre responsabilité : Le parent aliénant est souvent réticent à accepter toute responsabilité dans le conflit familial ou le mal-être de l'enfant. Il peut attribuer tous les problèmes à l'autre parent et refuser de reconnaître son propre rôle dans l'aliénation et le conflit familial. Cela crée un environnement où l'enfant se sent obligé de choisir un camp, exacerbant davantage les conflits et les tensions.

Parmi les signes qui permettent d'identifier les parents aliénants on retrouve également : 

- Le dénigrement constant du parent aliéné : Le parent aliénant peut constamment dénigrer ou critiquer l'autre parent en présence de l'enfant, ou de façon à ce que l'enfant l'entende, que ce soit de manière explicite ou subtile. Généralement ce dénigrement est étendu au tiers (enseignants, médecins, psychologues, parents d'élèves etc.)

- Interférence avec les temps de visite ou de communication : Le parent à l'origine de l'aliénation parentale peut essayer de limiter le temps que l'enfant passe avec l'autre parent, ou interférer avec leur communication, par exemple en refusant de transmettre des messages, des cadeaux, ou en ne respectant pas les temps de garde ou encore en écoutant voir enregistrant les communications.

- Le partage d'informations inappropriées : Le parent aliénant peut partager des informations détaillées ou inappropriées avec l'enfant sur la vie de couple, ou les conflits juridiques, mettant l'enfant dans une position d'adulte ou de confident.

- La création d'une alliance exclusive : Le parent aliénant peut essayer de créer une alliance "nous contre eux", "nous contre lui" avec l'enfant, le faisant se sentir spécial ou privilégié pour renforcer l'aliénation de l'autre parent.

- La fausse victimisation : Le parent aliénant peut se dépeindre comme une victime de l'autre parent, incitant l'enfant à l'empathie et à la protection du parent aliénant.

- Culture de la peur ou du rejet : Le parent aliénant peut instiller une peur irrationnelle ou un rejet de l'autre parent en suggérant, par exemple, que l'autre parent est dangereux, irresponsable, insensible ou qu'il n'aime pas l'enfant.

- La manipulation des souvenirs : Le parent aliénant peut tenter de manipuler les souvenirs de l'enfant pour les faire correspondre à sa propre version négative de l'autre parent.

- L'inversion des rôles : Le parent aliénant peut encourager l'enfant à prendre soin de lui, à le rassurer ou à le soutenir émotionnellement, mettant l'enfant dans un rôle d'adulte inapproprié.

- Les récompenses et punitions : Le parent aliénant peut récompenser l'enfant pour son rejet de l'autre parent, par exemple par des louanges, une affection accrue ou des cadeaux. De même, il peut punir l'enfant pour avoir montré de l'affection ou de la loyauté envers l'autre parent.

- L'utilisation de la culpabilité et du chantage affectif : Le parent aliénant peut faire sentir à l'enfant qu'il est déloyal ou qu'il blesse le parent aliénant s'il aime ou veut passer du temps avec l'autre parent.

- L'isolement : Le parent à l'origine de l'aliénation parentale peut essayer d'isoler l'enfant de la famille du parent aliéné, ce qui renforce le sentiment d'aliénation.

- Le contrôle excessif : Le parent aliénant peut exercer un contrôle excessif sur l'enfant, voulant connaître tous les détails de ses interactions avec le parent aliéné et influencer la perception de l'enfant sur ces interactions avec le parent aliéné.

- Sa désignation comme le seul parent aimant : Le parent aliénant peut revendiquer être le seul parent qui aime véritablement l'enfant, dénigrant l'amour ou l'affection que l'autre parent peut montrer.

- La suppression des souvenirs positifs : Le parent aliénant peut tenter d'éliminer ou de minimiser les souvenirs positifs que l'enfant pourrait avoir de l'autre parent. On peut constater parfois des souvenirs induits.

- Le contrôle de l'information : Le parent aliénant cherche a contrôler les informations qui atteignent l'enfant, y compris les messages de l'autre parent, afin de façonner la perception de l'enfant.

- Les demandes de prise de parti : Le parent aliénant peut demander à l'enfant de choisir entre ses deux parents, en lui faisant croire qu'il ne peut pas aimer les deux parents à la fois.

- L'usage du secret : Le parent aliénant peut encourager des secrets avec l'enfant au détriment de l'autre parent, renforçant ainsi l'alliance exclusive et les sentiments d'aliénation.

- Le choix du psychologue & autres intervenants médicaux : Le parent aliénant peut essayer de contrôler le choix du psychologue ou du thérapeute de l'enfant, préférant ceux qui sont susceptibles de soutenir ses propres vues ou de ne pas reconnaître l'aliénation parentale. Il peut également chercher à limiter l'accès de l'autre parent à l'information ou à l'implication dans le traitement de l'enfant. Cela peut entraver la capacité de l'enfant à recevoir l'aide appropriée dont il a besoin et peut prolonger le processus d'aliénation. 


Quels sont les conséquences sur les enfants aliénés ?


L'aliénation parentale peut avoir des effets psychologiques graves et durables sur les enfants. Voici quelques-uns des impacts possibles :

- Estime de soi et confiance en soi réduite : Les enfants peuvent commencer à douter de leur valeur et capacité lorsque l'un de leurs parents est constamment dénigré. Ils peuvent se sentir rejetés ou non désirés par le parent aliéné.

- Troubles de l'attachement : Les enfants qui sont aliénés peuvent développer des problèmes d'attachement qui affectent leurs relations futures. Ils peuvent avoir du mal à faire confiance aux autres ou à développer des liens sains. Ils peuvent éviter l'intimité par peur du rejet ou de l'abandon.

- Risque accru de troubles mentaux : Plusieurs études ont montré que les enfants qui ont vécu une aliénation parentale ont un risque accru de développer divers troubles mentaux, y compris des troubles de l'humeur, des troubles anxieux, des troubles du comportement, et même des troubles de la personnalité à l'âge adulte. 

- Anxiété et dépression : L'aliénation parentale peut conduire à des niveaux élevés de stress, d'anxiété et de dépression. 

- Comportement agressif ou antisocial : Certains enfants peuvent réagir à l'aliénation parentale en devenant agressifs ou antisociaux. Ils peuvent avoir du mal à gérer leurs émotions et à se comporter de manière appropriée en société.

- Difficultés scolaire : Le stress et l'anxiété liés à l'aliénation parentale peuvent avoir un impact sur les performances scolaires d'un enfant. Il peut avoir du mal à se concentrer et ses notes peuvent en pâtir.

- Troubles du sommeil : Les problèmes de sommeil, tels que l'insomnie, sont courants chez les enfants qui vivent une aliénation parentale. Le stress et l'anxiété peuvent rendre difficile l'endormissement et le maintien du sommeil.



Si vous pensez être victime d'aliénation parentale, notre cabinet d'avocat peut vous aider à sortir votre enfant de l'aliénation. Nous comprenons les dynamiques subtiles et les défis uniques que présente l'aliénation parentale. Nous pouvons vous aider à comprendre vos droits et à élaborer une stratégie.

Les dommages causés par l'aliénation parentale peuvent  être inversés si la situation n'est pas trop avancée, notamment avec les plus jeunes, et les relations peuvent être restaurées. Mais le temps joue un rôle crucial. Plus tôt vous agissez, plus vous aurez de chances de rétablir une relation saine et aimante avec votre enfant.

Nous vous invitons à nous contacter pour une consultation initiale. 


Pourquoi les tribunaux passent au travers de l'aliénation parentale ?




Interview de l'expert P.Bensoussan sur l'aliénation parentale